Les armoiries de Pexiora ont été parfois représentées dans des dessins du XVIème siècle grémentées de deux personnages dont on connaît bien les noms au village mais dont on ignore peut-être l’histoire de leur arrivée et de leur présence parmi nous.
Celui de gauche, le militaire, le moine soldat, le chevalier de Saint Jean de Jérusalem, c'est Raymond de la Bruguière (du diocèse de Castres) troisième Commandeur de l'Ordre des Hospitaliers qui, pendant quarante ans, de 1118 à 1158, a assumé la lourde tâche de donner à la Sauveté, accordée par le seigneur de Laurac Guilabert III, l'essor qui allait faire, de cette petite agglomération implantée sur la Voie Romaine, une des plus importantes Commanderies de l’Ordre entre Saint-Gilles du Gard et Toulouse.
Celui de droite, c'est Blaise, l'ecclésiastique, évêque de Sébaste (en Arménie) où il fut martyrisé en l'an 316 après Jésus-Christ, devenu aujourd’hui Saint Blaise, patron de notre église paroissiale.
Il n'apparaît pourtant que bien plus tard chez nous. En effet, si la première église, une bien modeste chapelle, mentionnée à Pexiora porte dans les archives le nom de « Notre Dame de Pexiora », la deuxième édifiée en 1124 par les Hospitaliers de Saint Jean à l'emplacement de l'église actuelle était dédiée à Saint Jean Baptiste, patron de l’Ordre.
En 1348, année de la Peste Noire, lorsque l’Ordre devenu puissant et donc riche entreprend la construction de l’imposant édifice que nous connaissons aujourd’hui, il ne manque pas de faire insérer dans la tour accolée au clocher et contenant l’escalier d’accès à la galerie, une pierre sculptée récupérée sur la chapelle précédente. Cette pierre que l'on aperçoit à mi-hauteur, côté Sud, représente en vérité le baptême du Christ par Saint Jean Baptiste et non, comme beaucoup le pensent encore aujourd'hui Saint Blaise et Saint Raymond. Notre église a d'ailleurs porté, dans les archives toujours, le nom de Saint Jean (Baptiste). En 1651 dans les archives de l'Évêché de Saint Papoul on peut lire « Ecclesia Sancti Johannis de Petsiora » tandis que l’appellation « Église paroissielle Saint Blaise de Petchiora » apparaît pour la première fois en 1640.
Pourquoi Blaise ?
En souvenir des Hospitaliers certainement car Saint Blaise, dont les reliques étaient conservées à l’église de Pexiora, patron de nombreuses localités de l’Ordre, devenu patron de la Confrérie Notre-Dame, a dû, à l'occasion de l'épidémie de peste de 1557, conjuguée avec l’arrivée en Lauragais de la Confrérie des Pénitents Noirs quelques années plus tard, s’imposer comme patron de notre église paroissiale, une des quarante-quatre de l'ancien diocèse de Saint-Papoul.
Il est difficile, à la lecture de ces textes anciens dont l'orthographe est peu assurée et dont les dates sont parfois mal définies, d’avoir des renseignements plus précis.
L’échange Saint Blaise-Saint Jean Baptiste reste encore insuffisamment expliqué. Une dernière indication : l'énorme et unique cloche de notre église, datée de 1618, porte l'inscription latine « Blasi, ora pro nobis » – Blaise, prie pour nous
Si Blaise a effectivement été canonisé et entre donc dans l’Hagiographie reconnue, Raymond, lui, ne l’a été que par la « vox populi », la tradition populaire.