A l'origine de la Commanderie des Frères Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem
Cette étude reposera en grande partie sur les recherches et les travaux d'historiens qui se sont attachés à restituer l'histoire des Croisades et des Ordres religieux et militaires, et parmi eux, celui qui intéresse particulièrement notre Lauragais, l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.
L'abbé Jean BIAU dans son ouvrage Congrégations et Ordres religieux dans la région de Castelnaudary expose : en l'an 1000 débute le grand essor économique et démographique de l'Occident Chrétien. On se remet à défricher, à étendre les surfaces cultivées, les techniques agricoles s'améliorent, les rendements progressent. Cet essor s'accompagne d'un essor spirituel : l'Occident se couvre de chapelles rurales et d'églises. C'est la vogue des grands pèlerinages – Rome, Compostelle et surtout Jérusalem et la Terre Sainte.
Vers le milieu de du XIème siècle, l'Église, soucieuse à la fois d'évangélisation et de protection d'une population rurale exposée à toutes sortes de risques, entreprend la création de « sauvetés » : des petites agglomérations placées dans des lieux favorable à la mise en valeur des Terres. Elles étaient sous la protection de l'Église, symbolisée par la plantation de croix délimitant leur territoire.
L'une de ces « sauvetés » fut créée à Puysubran (aujourd'hui Pexiora) dans la plaine ; à proximité de ruisseaux, sur des terres appartenant aux seigneurs de Laurac qui, établis sur leurs collines, dominaient une vaste région. De plus, cette sauveté, établie sur l'ancienne voie romaine d'Aquitaine permettait aux seigneurs et coseigneurs de profiter de la prospérité renaissante. Une chapelle y fut construite, dédiée à Notre Dame.
Henri AJAC place cette chapelle à l'angle de la rue des Pénitents car elle deviendra par la suite la Chapelle des Pénitents Noirs.
C'est cette sauveté qui serait donc à l'origine de la Commanderie Hospitalière de Pexiora. Mais pourquoi les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem ?
Dans son Histoire du Grand Prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem, dans le Sud-ouest de la France, Antoine du BOURG écrit : Vers 1050, des marchands d'Amalfi, (un port italien situé au sud-est de Naples) obtinrent dans l'enceinte de Jérusalem, une concession de terrain où ils élevèrent un établissement destiné à recueillir les pèlerins qui s'acheminaient vers les lieux Saints et qui étaient exposés à toutes sortes d'épreuves et de mauvais traitements. Jean BIAU reprend : Cet hôpital fut confié à des Bénédictins et dédié à Saint Jean Baptiste. Le recteur de cet établissement, Gérard TENQUE, jeté en prison par les musulmans fut libéré lorsque les Croisés prirent la ville en 1099. C'est alors que la règle bénédictine fut abandonnée au profit de celle de Saint Augustin, mieux adaptée à la fonction hospitalière. Ce n'est que peu à peu qu'à la fonction hospitalière s'ajouta le service militaire pour la protection des convois de pèlerins souvent attaqués par les musulmans. C'est le successeur de Gérard TENQUE, Raymond du PUY qui établit définitivement la règle de cet Ordre qui prit le nom de Frères Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, Ordre qui fut approuvé par le pape Pascal II le 15 février 1113.
En 1095 le Pape Urbain II avait appelé la chrétienté toute entière, et en particulier seigneurs et chevaliers, à se croiser pour aller délivrer Jérusalem de la Terre Sainte. L'Occident entier se trouvait concerné : la première Croisade s'ébranlait. On peut penser que, ne partant pas à la Croisade, mais ne voulant pas la bouder, les seigneurs de Laurac firent don de la sauveté de Puysubran qui dépendait de leur juridiction à l'Ordre des Hospitaliers. Les pèlerins empruntant la voie romaine d'Aquitaine pourraient ainsi y être accueillis et au besoin soignés dans l' « hôpital » créé à coté de la chapelle Notre Dame.