Avant qu’il ne disparaisse pour toujours du paysage pexioranais, évoquons la petite histoire de cette bâtisse mentionnée à plusieurs reprises dans les archives municipales. Avant la Révolution Française les affaires municipales étaient gérées par un consulat de 4 membres dont le 1er consul, Robert de Laudun, faisait fonction de ce que l’on appelle maire actuellement. Et c’est « dans la salle du château, faute de maison commune » que se tenaient les séances de travail du conseil politique.
Fief des seigneurs de Laurac, la sauveté de Pexiora rentre dans le domaine royal à la mort du dernier héritier du Comte de Toulouse, Raymond VII, en 1271. L’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, à qui le territoire de Pexiora avait été offert par la famille Sicard de Laurac, en 1101, à son retour de la Première Croisade, gère ce domaine jusqu’à ce que Catherine de Médicis, devenue Comtesse du Lauragais, puis reine de France après le décès de son époux Henri II au cours d’un tournoi, en prenne possession le 5 Novembre 1554.
Le 20 Mai 1609 elle vend cette seigneurie à Jean Manceau, avocat au Parlement de Paris. Le 23 Février 1624 celui-ci transmet ses droits à noble Jean de Saint Martin, décédé en 1654 et inhumé dans le chœur de l’église, sous la dalle de marbre rose encore en place aujourd’hui, juste en face du grand autel. En 1673 la veuve de ce dernier, Jeanne de Bermond du Caylar d’Espondeilhan lègue cette seigneurie à son neveu Henri de Bermond, baron de Puisserguier. Cette antique et puissante famille conservera Pexiora – entre bien d’autres domaines – jusqu’à la Révolution.
Alexandre de Bermond, domicilié à Paris vendit en 1807 « Le château » et ses métairies de Co de Coste et de La Barthe (aujourd’hui disparue) à Raymond Rolland et à son fils aîné François. Ces Rolland étaient d’ailleurs les fermiers de ces deux domaines depuis le 31 Décembre 1790. Le François Rolland, ci-dessus mentionné était le père du colonel Raymond Rolland (1805-1881) dont la veuve, Irène Saignes, lèguera à la municipalité « La Commanderie » devenue depuis le presbytère de notre église paroissiale.
« Le château » restera dans la famille Rolland pendant plus de cinquante ans. Le dernier possesseur en fut le colonel Raymond Rolland qui le vendit, le 3 mai 1860 à François Fauré, charpentier à Pexiora, pour le prix de mille sept cent francs. Cette grande bâtisse, édifiée à la fin du XVIIème siècle, mainte fois divisée et modifiée, occupe encore aujourd’hui, sur le point le plus haut de l’ancienne voie romaine, en face de la place du village, les numéros 29-31 et 33 Grand Rue et donne, côté Sud, sur la rue des Remparts.
Ce sont les numéros 31 et 33 qui doivent disparaître pour laisser place à une poste, une médiathèque et deux logements sociaux. Pour les anciens Pexioranais, cet immeuble est bien connu pour avoir abrité une des 6 épiceries du bourg L’Etoile du Midi. Les quelques renseignements obtenus sur ce commerce depuis longtemps disparu peuvent se résumer ainsi. L’Etoile du Midi aurait ouvert dans les années 1930, tenue à l’origine par la famille Cazenave, Joseph et Marie, dont les enfants Max, Venise, Amédée vous sont bien connus. Plusieurs gérants se seraient succédés, la famille Marie Bélaval de 1935 à 1938, Yvette Thalabas épouse Joseph Besombes, la famille Barthès Julienne et Albert de 1938 à 1939, puis des noms moins connus comme Marty, Meynadier, ou Lapeyre qui en aurait été le dernier tenancier avant sa fermeture définitive dans les années 1980.
La commune a acquis en 1998 la partie laissée à l’abandon du « château transformé depuis la vente des biens nobles après la Révolution Française de 1789 (Vente Alexandre de Bermond-Raymond Rolland en 1807) en habitations particulières » pour lancer son projet d’aménagement du « Cœur de Village » comportant la construction d’une poste, de logements sociaux et d’une médiathèque.