Mairie de Pexiora Site officiel de la commune

Les moulins

moulins-011(D’après les recherches de Henri Ajac et de Serge Verdier)

Lorsque l’on parle aujourd’hui de moulins à Pexiora, on pense d’abord aux moulins à vent parce qu’il nous en reste des traces visibles mais il ne faut pas oublier qu’avant leur apparition en Lauragais il y eut d’abord de nombreux moulins à eau dans nos communes. Autre sorte de moulins dont on peut aussi évoquer la présence : le moulin « pastellier ».

Les moulins à eau : Après la création de la sauveté de Pexiora en 1101, parallèlement aux gros efforts de défrichement favorisés par de multiples donations, les Commandeurs de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem firent construire de nombreux moulins à eau. Le territoire n’ayant que des ruisseaux à débit faible et intermittent à la saison chaude, ces moulins devaient utiliser le système de la « païssière » ou « païsserade » – de l’occitan « païssiera » signifiant retenue d’eau. Un barrage était bâti en amont pour lâcher les eaux permettant de faire tourner la roue au moment voulu. Ces moulins furent installés sur le Rivel, le Mézéran et le Tréboul, puis sur le Fresquel qui avait l’avantage de couler en permanence, mais entre les communes de Lasbordes et Villepinte. Il n’en reste plus aucune trace aujourd’hui.

Sauveté : agglomération rurale créée pendant la féodalité à l’initiative des monastères, des abbayes, jouissant de la protection des seigneurs fondateurs garantie par une charte de coutumes, pour servir de refuge à une population chargée du défrichement du territoire accordé.

Les moulins à vent : Ancien fief des seigneurs de Laurac, cédé à l’Ordre des Hospitaliers, la Sauveté de Pexiora fut probablement une des toutes premières localités du Lauragais à voir apparaître des moulins de ce type, selon une technique peut-être venue d’Orient à la suite des Croisades, leur construction symbolisant l’essor économique que connaît le territoire, les moulins à eau étant devenus insuffisants pour satisfaire à la demande céréalière en grand développement.

Notre commune en a compté au moins huit, depuis le premier érigé en 1245 au Nord de la Commanderie, derrière l’église actuelle, jusqu’au dernier bâti en 1836 par la famille Bénazet, la grande tribu des meuniers locaux.

De ces huit moulins répertoriés il en reste aujourd’hui trois. L’un deux se trouve dans une propriété privée, en dessous de la maison des meuniers, reconnaissable avec son toit plat. Quant aux deux autres qui font l’objet de ces commentaires, ils font partie du patrimoine de la commune à qui ils ont été légués par leur dernière propriétaire Marie Rose Gaillard, petite fille des derniers meuniers Bénazet.

Dressés sur le point culminant du village, au Nord de l’Eglise et de la Commanderie, ils laissent voir leur tronc conique et leur toiture pointue depuis les différentes routes qui sillonnent le couloir Lauragais entre Castelnaudary et Carcassonne. Tous deux ont fait l’objet de travaux de remise en état : une toiture neuve en châtaignier, à trois rangées de voliges, comme à l’ancienne, de solides fermetures artisanales pour les mettre hors d’eau et à l’abri des intrusions. Le parc qui les contient est clos et entretenu. Malheureusement aucun des deux n’a encore retrouvé ses ailes.

Celui de droite, bâti sur une magnifique cave voûtée dont on voit l’entrée sous la porte principale, avec son appareillage en gros moellons de grès du pays, récupérés sans doute sur une construction plus ancienne, dont les murs à la base présentent une épaisseur de 1,80 mètres, remonterait à la fin du XVIème siècle. Désaffecté depuis longtemps, il ne possède plus rien de son mécanisme intérieur. Il sert aujourd’hui de dépôt pour différents attirails et outils de meuneries subsistants.

Celui de gauche, construit en petites pierres du pays par l’arrière grand-père de Marie Rose Gaillard, Jean Bénazet, qui, avec ses frères Paul et André et un neveu, Jean exploitaient tous les moulins de la commune, serait un des derniers bâtis en Lauragais. Son mécanisme intérieur, partiellement conservé, porte la date du 18 avril 1869 sur le grand rouet horizontal. Il possède le système le plus moderne à l’époque pour faire tourner la « capelada » suivant la direction du vent : une crémaillère actionnée directement de l’intérieur de la chambre des meules : une pour le blé, l’autre pour le maïs. Il aurait fonctionné jusqu’aux années 1920, c’est à dire jusqu’à l’arrivée des moteurs à explosion puis de l’électricité. Il a repris momentanément du service durant la deuxième guerre mondiale.

Les moulins à pastel : Deux moulins « pastelliers » sont signalés au XVème et XVIème siècles, la grande époque du pastel en lauragais. Le plus ancien se trouvait à la Porte d’Autan et était installé dans une tour de défense, le deuxième, situé comme le précédent sur les remparts, mais à la Porte de Cers. Le moulin pastellier était une installation rudimentaire : il consistait en une fosse cylindrique bâtie sur une terrain plat légèrement surélevé. Un rouleau actionné par des chevaux ou des boeufs triturait les feuilles de pastel jusqu’à ce qu’elles se transforment en une pâte dont on faisait des boules, appelées coques ou cocagnes. Ces boules étaient mises à sécher sur  des claies en attendant d’être vendues à des spécialistes pastelliers qui les traitaient pour en obtenir la teinture bleue. Il ne subsiste bien sûr plus aucune trace de ces installations.