La toute première apparition de l’appellation « PEXIORA » dans les archives communales date de l’année 1719, Braud étant greffier consulaire.
À partir de 1720, changement de greffier et changement d'appellation jusqu'en 1777 : nous sommes alors à Pechsieura. Le 11 Mai 1777, le régent des écoles Falcou occupe également le poste de greffier. Sa calligraphie soignée et son orthographe sûre vont assurer le nom de Pexiora jusqu’à son départ en 1816 puis jusqu'à nos jours, plus personne ne désirant modifier cette appellation pérennisée par un instituteur public exceptionnel.
D'où vient ce nom de Pexiora, un des rares à posséder, parmi les communes audoises, un « X » central ?
La mention de notre agglomération apparaît pour la première fois, dans un texte écrit, au début du XIIème siècle. En 1101 exactement, quelques seigneurs du Pays Toulousain, occupant des terres dans la plaine (aujourd’hui lauragaise) voulant se dédouaner d'une participation à la Croisade en Terre Sainte offrent à l'évèque de Toulouse Izarn et au prieur Boniol de l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jerusalem, qui ont établi un « hôpital » sur l'ancienne Voie Romaine d’Aquitaine, la sauveté et la villa de « Podium Superianum ».
Qu’est-ce qu'une sauveté et une villa à cette époque ?
Une sauveté est une ville nouvelle, créée à l’occasion des grands défrichements entrepris alors et une villa désigne une grande propriété foncière gérée par un ou plusieurs tenanciers, en l'occurrence Guilhabert de Laurac et Pierre de Saissac pour les plus connus.
Que veut dire « Podium Superianum » en latin ?
C'est le point le plus haut entre Eburomagus (Bram) et Sostomagus (Castelnaudary). Nous dominions effectivement, avec 151 m d'altitude, la plaine entre ces deux agglomérations. Notre village existait certainement auparavant mais jamais nommé : des traces d’occupation gallo-romaine ont été relevées entre Sévillé et Lanta, à la Coumaïe, à Christol et au bord du Tréboul entre autres sites.
Comment est-on passé de « Podium Superianum » à Pexiora ?
À la lecture des Archives du Fonds de Malte et de celles de l'ancien diocèse de Saint-Papoul dont nous étions une des quarante-quatre paroisses, nous pouvons suivre les transformations successives de ces deux mots latins pour en arriver à l’appellation d'aujourd’hui.
Au fil des humeurs et des capacités des scribes et des greffiers successifs on peut relever des orthographes tout à fait fantaisistes. Le mot podium a été tout naturellement traduit par pech, pueg, puys ; quant à superianum, il a été raccourci, trituré et tronqué pour donner siuranum, sieuranum, siura.
Et l’association de ces deux mots a donné Pechsiura, Puegsiura, Pechiura, Petsiora, Pexieura et enfin Pexiora.
Il y a une autre appellation que nous devons relever : Puysubran ou Puissubran que nous trouvons sur la carte de Cassini du XVIIIème siècle et dans quelques textes d'inspiration occitane. Suber en latin, siure en occitan, c'est le chêne liège. Et le blason de Pexiora ne pouvait que conforter Prosper Estieu dans son explication : nos armoiries représentant un mont surmonté d’un arbre, Pechsiura ne pouvait être que le Pech du chêne liège. Hélas! Prosper Estieu était poète et non chartiste. La charte de 1101 et les textes suivants portent bien toujours « super » et non « suber ». D'autre part le domaine du chêne liège commence encore bien loin de chez nous. Donc c'est bien l’origine latine qui est à retenir. Paul Fabre, dans son ouvrage sur les « Noms de lieux du Languedoc » consacre un long article a l'importance que nos ancêtres attachaient à l’aspect du terrain et à la topographie dans la dénomination des lieux habités. Et le mot latin « podium » avec tous ses dérivés tient une place conséquente dans une longue liste de noms de lieux languedociens.