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Les moulins à pastel et leurs meuniers

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Le moulin pastelier

Puysubran en Lauraguès

En Pays de Cocagne (1350-1570)

À Pexiora, comme dans tout le Lauragais, quelques gros propriétaires terriens ont participé à l’aventure du pastel, un commerce fort lucratif, pendant deux siècles environ, jusqu’à l’arrivée de l’indigo qui a marqué la fin de la culture de cette plante tinctoriale. Ils possédaient aussi leur moulin.

Un moulin pastellier est une installation rudimentaire. Rien à voir avec le moulin à vent farinier, bien visible sur sa butte avec ses ailes. Il suffit d’une remise, d’un hangar dans lequel sont installées deux meules : la dormante fixée au sol et la tournante actionnée par l’homme ou par l'animal.

Le plus ancien moulin pastellier de Pexiora se trouvait sur l'actuelle place occitane. Il était installé dans une tour de défense appartenant à la famille Mauri. Michel Mauri le vendit le 15 décembre 1397 à Guillaume Bernard Sorèze. Ce moulin, qui payait au Commandeur un cens de deux pugnères et un coup de froment petite mesure, resta dans cette famille jusqu’au début du XVIème siècle. En 1543 il fut vendu à Bertrand Coffolenti qui payait au Commandeur un cens de sept pugnères et demie de froment et neuf derniers tolzas. Devenu non rentable et démantelé pendant les Guerres de Religions (1537- 1598), il cessa d’exister. La pugnère et le coup sont des anciennes mesures à grains.

À la porte de Cers et situé également sur les remparts, dans une tour basse, se trouvait un autre moulin à pastel. En 1424, Jean de Fita l’avait acquis de Jeanne, femme de Pierre Embry de Villepinte. Il payait au Commandeur un cens de dix pugnères et demie de froment et huit deniers tolzas.

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Le pastel : isatis tinctoria

Jean d’Albigès, d’une famille originaire de Montréal, est consul de Pexiora en 1404. Il possède les terres qui constituent aujourd’hui le domaine de Mézéran. Son fils Jacques est coseigneur de Lasbordes. Il se fixera à Toulouse d’où il commercera avec Paris. À sa mort, en 1436, il lèguera ses biens à la Maison Dieu de Paris qui en revendra le tiers au Chapitre Cathédral de Toulouse, autre cohéritier, pour la somme de six cents moutons d’or. (Le mouton d’or étant une ancienne monnaie féodale avec pour emblème un agneau).

Les Apostoli, les Mercier pratiqueront aussi ce commerce du pastel. La plus belle réussite sera celle des Apostoli. Jean Apostoli s’établit en 1346 à Pexiora. La famille se fait donner à bail par le Commandeur, en 1380, des terres et un moulin à pastel à la Poularyé, aujourd’hui la Poulaillère, nommée aussi Saint Jean. Ce moulin vient d’être délaissé par son tenancier précédent.

De 1382 à 1388 les Apostoli achètent des terres. Un Jean Apostoli commercialise le pastel et exploite toujours ce moulin au début du XVIe siècle. Il a épousé Jeanne Coste dont le père, originaire de Villasavary, a remis en valeur, vers 1450, les terres abandonnées pendant la Guerre de Cents Ans (1337-1453) qui constituent aujourd’hui le domaine actuel de Co de Coste. Il est un très riche propriétaire terrien. Son fils Germain, profitant de la faiblesse de sa mère à son égard, s’attribue la quasi-totalité de patrimoine au détriment de son frère cadet. En 1571,  il transforme le moulin à pastel en moulin à farine et entreprend le commerce des céréales.

cocagneSon arrière-petite-fille épousera un Suffre de Las Planes qui, outre ses terres de Saint-Papoul, se trouvera possesseur du quart du Consulat de Pexiora. Avocats au Parlement de Toulouse, les Suffre donnent le moulin à rente perpétuelle, pour quinze deniers de blé, à Pierre Bénazeth, meunier de Carlipa, le 21 Juin 1663. Cette famille Bénazeth restera une famille de meuniers jusqu’à la fin des moulins à vent vers 1925.

P.S. grand merci à Henri AJAC pour les recherches notariales