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Pexiora et ses Cathares

pexiora-xiii-et-xiv-siecles« A Pexiora, au pied de la Commanderie, les hérétiques circulaient librement dans la ville ». C'est ce qu'a écrit une historienne spécialiste des Ordres religieux militaires, Hospitaliers et Templiers, en Languedoc au temps de l'épopée cathare. Il faut dire que notre cité, se trouvant à proximité des foyers d'hérésie qu'étaient Fanjeaux, Montréal, Laurac et Besplas, comptait à l'intérieur de ses murs de nombreux adeptes, Parfaits ou simples Croyants dont les noms sont apparus lors des enquêtes inquisitoriales après l'assassinat des inquisiteurs Guillaume Arnaud, Etienne de Saint-Thibéry et de leurs neuf compagnons, la veille de l'ascension, au soir du 28 Mai 1242, à Avignonet. Les noms les plus souvent cités sont ceux de Arnaud Pradier et Raymond de Ecclesia, tous deux de Pexiora, diacres et Parfaits parcourant les campagnes Lauragaises pour prêcher la bonne parole tirée de l'Evangile, essentiellement du Nouveau Testament dont ils revendiquaient les Ecritures pour s'opposer à l'organisation et aux pratiques de l'église romaine.

Comment expliquer cette tranquillité accordée à ces Bonnes et Bons Chrétiens comme ils se nommaient alors que leurs conditions de vie dans le reste de la région étaient fort dures, obligés qu'ils étaient de vivre cachés, dans la clandestinité, en itinérance continuelle ?

Pexiora, ancien fief des seigneurs de Laurac et de leurs trente-quatre coseigneurs qui avaient donné leur sauveté de Podium Superianum, en 1101, à l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, au retour de la première Croisade, devait bénéficier de la tolérance et de la mansuétude des Commandeurs et des Frères, à l'inverse des Templiers qui penchaient vers l'église romaine et son plus terrible défenseur, Simon de Montfort. Ils devaient cette situation privilégiée à deux raisons probables.

La famille de Laurac dont le vaste domaine s'étendait dans tout le Lauragais, Audois, Toulousain, Tarnais, adepte de l'église cathare s'était lancée dans cette aventure, pour défendre ses intérêts, plutôt que par conviction religieuse, entraînant l'adhésion de son peuple.

L'Ordre des Hospitaliers, de son côté, se trouvait redevable envers ses donateurs généreux de toute sa richesse en terres, domaines et personnels les exploitant. Son enrichissement, considérable au début de son installation chez nous expliquait que son indulgence envers l'hérésie n'était peut-être pas totalement désintéressée.

La charité chrétienne, peut-on la trouver dans deux affaires exceptionnelles pour un Ordre religieux ? D'une part le Commandeur accepta les inhumations, dans la crypte et le chœur de la chapelle Saint-Jean Baptiste, de plusieurs seigneurs et membres de leurs familles infestés par l'hérésie. D'autre part quelques Frères se présentèrent durant le tribunal de l'Inquisition, comme témoins à décharge, en faveur de Bernard Othon de Niort, le dernier seigneur de Laurac, cité devant les juges pour avoir mené la vie dure à l'archevêque de Narbonne et s'être toujours montré un fidèle et zélé défenseur de la cause cathare. Bien que fils de la Parfaite Esclarmonde de Laurac, il niera toute implication dans l'hérésie, sera donateur de l'Hôpital et demandera même à être inhumé dans l'église de la Commanderie où son père Géraud de Niort a été enseveli Condamné à mort, le 2 mars 1236 à Carcassonne, il ne sera jamais exécuté : on le retrouve à Limoux où il dépose , le 23 décembre 1245, devant le tribunal inquisitorial.

Le Parfait le plus connu chez nous fut Jean Pagès dit « Serena », qui tenait une maison où il recevait de nombreux hérétiques. Dénoncé par son fils Bernard, le 2 mai 1245, puis par sa femme Gaillarde, le 4 juillet 1246, il finit par avouer le 10 juillet suivant. La légende le fait périr sur un bûcher qui aurait été dressé à la sortie du bourg, côté Bram, sur la Voie Romaine, à l'emplacement où s'élève aujourd'hui une croix de fer, dénommée dans les textes « Crotz de l'Ome Cremat ». Or les registres de l'Inquisition, rigoureusement tenus, ne signalent à Pexiora que cinq condamnations au port de la Croix d'infamie ou au Mur, la prison de Carcassonne. Aucun « brûlé » chez nous.

Des recherches plus précises dans le Fonds de Malte ont permis de donner une autre explication à cette appellation « Crotz de l'Ome Cremat ». A cet emplacement, sur le domaine d'un riche propriétaire terrien un orme aurait été touché par la foudre. Le sieur Boussemac aurait alors décidé de faire dresser là une croix en souvenir de son cher arbre. Et dans un document sérieux se trouve la mention « Crotz d'Embossenac » la croix de l'orme brûlé de Monsieur Boussenac.

Pour terminer, une petite note amusante due à notre historien local Henri AJAC. Dans notre Lauragais, le nom du pape qui a conduit la croisade contre les Albigeois Innocent III « Innoucent ! » et le prénom du fils de Simon de Montfort Amaury « Amorri ! » sont restés des injures encore proférées par quelques anciens.