Mairie de Pexiora Site officiel de la commune

La cloche

cloche-1Au Moyen Âge, y eut-il plus noble métier que celui de sainctier ?

Les vieux fondeurs de cloches ambulants savaient créer des chefs-d'œuvre d’art et de patience face à tout un peuple anxieux et émerveillé. Ils travaillèrent du XIV° au XIX° siècle, généralement sur le parvis des églises, protégés par leurs trois saints patrons : Éloi pour les travailleurs des métaux, Antoine pour les travailleurs de l’argile et Nicolas a qui on demandait une bonne sonorité.

La cloche, l’unique, qui habite le clocher de notre multiséculaire église paroissiale porte la date de 1618 et la marque du fondeur CHALOT, un « C ›› entre deux petites clochettes. Coulée en airain noble ou bronze campanaire – 76 % de cuivre et 24 % d’étain – elle est de dimensions imposantes : 1,25 m de hauteur, 1,14 m de diamètre à la base pour un poids d'environ 950 kg.

Elle fut hissée au moyen d'un instrument de levage de l'époque, la chèvre, puis introduite dans le clocher par l’ouverture Sud dont les dimensions, à 1 cm près pour la largeur, permettent seules son passage.

D’après un spécialiste, M. Claude SEYTE carillonneur à Carcassonne, elle sonne le fa du médium (octave 5). Magnifiquement ornée, elle porte de multiples inscriptions, latines pour la plupart, mais illisibles pour certaines. Pour celles que fai pu déchiffrer, on relève d’abord une inscription en occitan à côté de l'image d’un personnage, un chevalier apparemment, l’épée haute a la main, mais dont la tête est ceinte d'une auréole – RAYMOND PIES POUR NOS – Raymond, prie pour nous. Ensuite une inscription en latin, toujours à côté d'un macaron représentant vraisemblablement un évêque a la tête mitrée avec une auréole. BLASI ORA PRO NOBIS – Blaise, prie pour nous. Ces deux personnages qui figurent sur un blason de Pexiora étant bien sûr Raymond de la Bruguière, 3ème Commandeur de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, sanctifié seulement par la vox populi, et Blaise évêque de Sébaste, martyrisé en 316, un authentique Saint celui-là, fort en honneur dans l’Ordre des Hospitaliers et auquel l'église paroissiale est aujourd’hui dédiée.

Enfin XPS VINCIT – XPS REGNAT – XPS IMPERAT – XPS ABOMNI MALO NOS DEFENDAT

XPS pour le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande, le Christ nous protège de tout mal.

Il est à remarquer que l’on retrouve ces mêmes inscriptions sur la grosse cloche de la Collégiale Saint Vincent de Montréal fondue par G O R en 1559.

Les décorations portées sur le cerveau, la gorge, la panse ou la robe sont nombreuses, minutieuses et finement travaillées. Pour celles qui sont restées en bon état on relève un médaillon représentant un chevalier (bellator) un laboureur (arator) et un religieux priant (orator). Ces trois personnages symbolisent les trois ordres dominants de la société médiévale :

  • les bellatores (ceux qui combattent)
  • les laboratores (ceux qui travaillent)
  • les oratores (ceux quíprient).

cloche-2Autre décoration : une croix latine au socle somptueusement travaillé, portant notamment plusieurs croix de Malte, en souvenir vraisemblablement de la Commanderie de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem attenante à notre église. Est-Ce cet Ordre fortuné qui l’a commandée et payée ?

Les anciens Pexioranais se souviennent peut-être encore des derniers sonneurs et sonneuses rémunérés sur le budget communal au même titre que le secrétaire de Mairie, le garde champêtre, le fossoyeur, le cantonnier, le tambour afficheur, le facteur télégraphique, le fontainier, le gardien du monument aux morts et autres employés au service de la commune, comme les porteurs, la balayeuse des classes, la responsable de la garderie municipale, la dame chargée de l'entretien du corbillard et le préposé au remontage de l’horloge.

Ils se souviennent surtout de leur dernière sonneuse, Antoinette Fiacadori, nommée en 1956 après le décès de Raymond Peyre. Aujourd’hui, c’est une horloge électronique qui a remplacé elle-même une horloge mécanique qui avait soulagé et ménagé les bras et les mollets d’Antoinette dans les premières années soixante-dix.